Weekend Initiation à la Plongée Souterraine, compte rendu
Goul de la Tannerie, 40min, 12m
Plongée "explo" au Goul de la Tannerie, en binome avec un encadrant. Pas d'exercice pour cette première plongée, il faut seulement s'occuper du trio fil-air-compas:
FIL: ne pas lacher le fil à l'aller (c'est à dire, le tenir entre le pouce et l'index), 1/ pour vérifier qu'il passe au "bon" endroit, c'est à dire que la section du siphon est assez large pour passer fil en main, au cas où il n'y ait plus de visibilité au retour ; 2/ pour s'assurer qu'il est en bon état, pas cassé ni sur le point. On prend aussi des points de repére visuelle sur la topographie du siphon, points de départ vers galeries annexes, fil dans la roche, etc, pour avec des points de repére pour un retour masque obstrué.
COMPAS: prendre le relèvement d'orientation de la section de fil à chaque tournant : ligne de foi parallèle au fil, on positionne le repère I vers le nord (II vers le sud). Au retour, on fait 1/2 tour, le repère II se retrouve au nord, et on corrige à chaque tournant. Si on pert le fil, puis on le retrouve, le repère II du compas indique toujours la sortie.
AIR: règle des 1/4 : on divise le volume d'air par 4, et on consomme 1/4 à l'allée, 1/4 au retour. En cas de sortie sans incident, il reste 2/4 du volume. En cas de perte d'une bouteille au point le plus profond (point du 1/2 tour), il nous reste 3/4 de gaz sur la bouteille restante : 2/4 pour rentrer normalement, 1/4 de marge de sécurité. Pendant la plongée, on fait attention à respirer sur chacun des deux détendeurs, en alternant ~tous les 10bars.
La plongée se passe bien, je ne fais pas attention à la ligne de foi du compas au début de l'explo, Manu me corrige. 1/2 à ~230m de l'entrée, il me restait un peu d'air avant d'arriver à mon 1/4 de pression, j'aurai pu aller au point 250m (distance max pour le stage), mais je ne savais pas à quelle distance il se trouvait. Au retour on peut lacher le fil des mains (mais pas du regard), j'en profite pour oublier les relèvements de compas. Manu me fait signe un peu après pour que j'y repense. Je n'ai pas très chaud du coup j'accélére un peu le palmage ...
Sur le début de la progression, on croise plusieurs autres palanquées, je m'éloigne du fil pour laisser passer ceux qui sortent, c'est la régle (on ne sait pas pourquoi ils sortent, ils peuvent être en difficulté, en limite d'air, c'est donc eux qui sont prioritaire). Un des plongeurs, avec des bouteilles relais sous les bras donc pas de notre groupe, me sert la main en passant ! Je ne saurai jamais qui c'est ;-)
On voit un fossile d'escargot un peu après l'entrée du siphon, et des milliers de crevettes gammare à l'entrée de la vasque, mais pas d'autres signes de vie !
Goul du Pont, 40min, 32m
En plongée spéléo, on ne peut pas remonter à la surface dès qu'on a un problème, ni même compter sur son binome pour avoir de l'assistance. La sécurité se gére donc en Autonomie, avec de la redondance et de l'Adaptabilité. En mer, en cas de panne d'air, on fait signe à son binome. En spéléo, on a une deuxième source d'air qui permet de rentrer. On estime à 1/100 le risque de panne (d'un appareil bien entretenu), donc en redondance le risque passe à 1/10.000, ce qui est négligleable (il y a plus de risques d'avoir un accident sur le trajet (retour) du stage plongée, ou bien en transportant les blocks jusqu'à la vasque !). Il en va de même pour l'éclairage, deux lampes principales, et une faible puissance en secours. Pour la flotabilitée, la combinaison étanche permet de se stabiliser comme la stab ; et un deuxième ordinateur, ou un profondimètre + tables assurent la décompression. Enfin, un deuxième masque sur l'arrière du casque, le risque venant surtout de la lanière qui lache.
Dans le matériel nécessaire, on compte aussi un coupe-fil (sécateur, plutôt qu'un couteau qui demande deux mains libres), un compas et un dévidoir avec 50m fil, pour permettre de faire la jonction entre le siphon principal et un siphon annexe, peut-être réparer temporairement un fil d'Arianne coupé, ou autres solutions de secours en cas de pertes du fil principal.
Pour cette deuxième plongée, on continue à faire attention à la gestion de l'air et du compas, et en plus on fait attention à la distance du binome. On part donc à trois dans la vasque, en faisant attention à ne pas trop brasser le fond, mais ce n'est pas évident. On passe l'étroiture d'entrée du siphon à -12m, et on commence la progression spéléo. L'eau est plus claire que dans l'autre Goul, le plafond plus haut (2m), je préfére cette grotte !
La progression est rapide jusqu'au puit, mais cette fois on y descend ! La vision est toujours incroyable, un mélange de bleu/vert, avec des spéléonautes qui passent en faisant bonjour (d'autres palanquées du stage, mais aussi d'autres groupes de plongeurs). Dans le puits, on descent toujours fil en main, avec une corde d'escalade en supplément. On s'arrété à 30m, quelques mètres au dessus du replat du fond du puit, mais Laurent nous fait signe de descendre avec lui pour regarder la suite du siphon. Après être sur que ce n'est pas un piège pour être sur qu'on respecte les consignes, on descend 2m plus, voir que la galerie par effectivement dans les profondeurs souteraines. Brrr !
Au moment de descendre sous les 30m, on "transgresse les règles" si on peut dire, ... du coup tous les deux élèves, on lache le fil instinctivement ! C'est bête les reflexes des fois ! Laurent revient à notre niveau, et comme convenu pour le retour ... on éteint les lumières ! ... mais on ne pense pas pour autant à rattraper le fil ! Dès qu'on coupe les lampes, on repense bien au fil par contre, qu'on trouve rapidement grâce aux lumières des autres palanquées au dessus. C'était en sécurité hein tout ça, Laurent savait bien ce qu'on faisait, ça ne risquait rien ;-)
La remontée dans noir se fait ... à l'aveugle, à touche-touche palme/casque, c'est particulier comme sensation ! A la fin de la remontée du puit, je me réalise que je ne suis pas sur le fil principal, mais la corde d'escalade. Petite montée de tension pour retrouver le fil principal, quelques cm à coté, ça ne prend que quelques secondes mais on se rend compte de l'émotion que ça peut faire en cas de vraie panne de lumière (qui n'arrive pas si on respecte les régles), ou alors en cas d'eau troublée (ça par contre ça peut très bien arriver !!).
En haut du puit, Laurent nous fait signe en nous attrapant la palme, on rallume les lumières, et on part voir une gallerie annexe. Enfin on part voir, Laurent pose un fil de jonction avec son dévidoir, matérialise avec une flêche en plasque le brin de fil correspondant à la sortie (en cas de perte de visibilité, c'est la seule option pour savoir quelle direction prendre à la jonction !), et va attacher son dévidoir quelques mètres plus loin sur le fil d'Arianne de la galerie secondaire. Sebastien s'engage, fait quelques mètres et revient. J'y vais à mon tour, le fil remonte de quelques mètres, pour continuer en une galerie très étroite. Laurent me fait rapidement signe de ne pas aller plus loin, mais ça suffit pour se rentre compte que ce n'est pas évident d'aller en arrière avec des palmes ! En reculant/descendant, je me retrouve à cheval sur le fil, faut encore manoeuvrer pour s'en sortir, pas évident ! (D'après le topo, ils ont réussi à progresser dans cette galerie, je ne veux pas savoir comment !)
Laurent détache la jonction de fil, reprend sa flèche ... et on rééteint les lumières ! Je pars en tête, on a 80m à faire jusqu'à la sortie. On n'avait pas discuté de protocole pour rester groupé pendant ce retour, du coup je vais à mon rythme. D'autres groupes s'arrêtaient tous les 15s, et attendait que celui de derrière tape les palmes avant de repartir, mais dans tous les cas on ne peut pas apporter d'aide, donc autant avancer ! Quelques mètres avant la sortie on commence à apercevoir le bleu pale de l'extérieur au travers de l'étroiture, c'est quand même rassurant ! Je passe l'étroiture les yeux fermés pour finir l'exercice, et j'attend quelques seconds avant de voir Sebastien resortir. Je me suis quand même demandé un instant si je ne les avais pas semé sur le retour, je peux palmer vite quand je ne fais pas attention ^^.
Au moment d'éteindre les lampes, on en avait parlé avant de plonger, je devais commencer à partir sans prendre le fil en main. Depuis la surface, j'avais cru un instant que ça pouvait être faisable. Ben en éteignant la lumière, je me suis précipité sur le fil quand même !! J'avais oublié là discussion, mais aussi, en sortant du puit sans avoir la main sur le fil principal je m'étais rendu compte que ça pouvait être paniquant de ne pas savoir où était ce fil d'Arianne !!
On finit par 3' de palier à 3m, à la lumière du jour mais au milieu des algues !
Goul de la Tannerie, 58min, 16m
Dernière plongée du weekend, c'est le moment de l'évaluation pour le PS1 ! Pas d'exercice particulier, il n'agit juste de montrer qu'on est capable
1/ de calculer son autonomie en air avec la régle des 1/4, et consommer équitablement l'air des deux bouteilles au cours de la plongée, 2/ garder le fil d'Arianne en main, 3/ régler correctement son compas en continue pendant la plongée.
On repart donc dans le Goul de la Tannerie. Je suis surement plus détendu que pour la première plongée, et ma stab doit être mieux réglée aussi, du coup je peux relever correctement la tête sans que le casque ne touche les protections de robinets. Et du coup, je ne tape plus le haut du siphon toutes les 2 minutes !!
La progression allée se fait tranquillement, je suis devant jusqu'au point 150m, en haut du canyon, où je laisse Bernard passer devant.Sauf qu'au moment où Laurent contrôl mon compas/mano, rien ne vas ! Pour la pression des bouteilles, je m'étais emmêlé entre les repéres 250 et 200bar, donc j'avais respiré plus sur l'autre détendeur. Au moment où l'aiguille arrivant autour de "170bar" (230bar) et qu'on était loin des 200/250m, j'ai réalisé mon erreur, mais ça ne se corrige pas comme ça ! Et quand il regarde le compas ... c'était faux aussi ! Soit je ne l'ai pas aligné avec la dernière section du fil, soit je n'ai pas bien mis le compas à plat (donc l'aiguille n'indiquait pas le nord), en tout cas ça n'indiquait pas la sortie ! Bernard passe devant pour la suite de la progression, et moi je m'applique sur mes relèvements et rééquilibre mes réserves d'air ! On ne m'y reprendra plus, dès que l'orientation du fil change de quelques degrès, je tourne la couronne !
Autour de 230m, Bernard est à mi-pression (1/4 de l'air consommé), on fait donc 1/2. J'aurai eu de quoi aller jusqu'au 250m cette fois ! Après un dizaine de metres sur le retour (point 150m je crois), Laurent nous indique une section secondaire où l'on doit s'engager. J'ai un dévidoir sur la stab, c'est à moi de marqué la biffurquation. Je fais un noeud qui ne tient pas, je cherche une flêche pour indiquer la sortie, mais je n'en ai pas, ce n'est pas évident toute cette manip' ! Laurent refait le noeud, et me montre qu'il y a une grosse flêche sur le fil qui indique 150m et la sortie. Ah oui :-) Je reprendre le dévidoir, le déroule sur 3m (tendu, pour ne pas risquer que les suivants s'emêlent dedans sans s'en rendre compte) et le mousquetonne sur le fil d'Arianne de la galerie secondaire. On descend sur quelques mètres (de -11 à -16m), et on revient à notre galerie principale et vers la sortie.
On passe sous une cloche d'air, un passage avec ~1m de fond, et 50cm d'air au dessus de la tête. Mais ce n'est pas la surface, c'est une cloche où l'air est emprisonné. Il ne faut pas respirer la dedans, il n'y a trop de CO2 ! Je sors juste là tête pour voir à quoi ressemble cette poche d'air à -2.70 sous la surface !
Un peu après, on passe à coté d'une nouvelle gallerie secondaire. Bernard s'occupe de poser le fil de jonction, et on remonte de quelques mètres dans cette galerie. En repartant, il oublie de reprendre le dévidoir, heuresement que Laurent veille ! Il pensait que c'était moi qui allait le reprendre vu que j'étais en dernier, ça se tient. Avant de continuer, Laurent attrape un morceau de glaise et la remue dans l'eau, effectivement une poignée coupe rapidement la visibilité (quand on met le nez dedans) !
On finit le retour en aveugle, et une nouvelle fois, la lumière du jour ne fait pas de mal à la sortie du tunnel ! Je suis encore pas très réchauffé, va falloir que je passe à la combi étanche un jour moi !!
Validation du PS1 pour l'ensemble des stagiaires, et débriefing abrité sous le pont, alors qu'il pleut à torrent. On aura eu beaucoup de chance d'être épargné par les orages, et surtout qu'ils n'aient pas fait monté les niveaux d'eaux !
(photos Michel Conte, Marine en Mars, et "empruntées" à la team lac-du-bourget, je n'ai plus mon appareil, et de toute façon je ne pouvais pas m'en occuper pendant ces plongées !)
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